Entre « hors-sol » et « tout-terrain »
(English version below)
Expliquer le design appliqué à l’action publique dans les modalités habituelles de formation en chambre est une gageure… et souvent une source de frustration, quelque chose comme : « …je vous raconte sur un PowerPoint et dans une salle de cours mais vous ne pouvez pas vous rendre compte parce que dans la réalité c’est complètement différent… »
Inversement, la pédagogie par l’action peut laisser un peu sur sa fin : « … tout semblait très clair quand on était en train de faire sur place mais maintenant que je dois refaire chez moi et je ne sais plus par où commencer… »
Entre le « hors-sol » et le « tout-terrain », le module de formation « Design de service public : vers de nouvelles démarches participatives » que nous venons d’expérimenter avec l’INET à Strasbourg et 16 décideurs territoriaux très motivés cherchait à se frayer un chemin entre ces deux écueils. Tout cela en une petite vingtaine d’heures étalées sur trois jours ce qui est aussi une gageure et une course forcenée pour les stagiaires comme pour les formateurs !
Pour la partie « in vivo » la Direction de la culture de la ville de Strasbourg nous accueille en mettant en jeu le chantier qu’elle a en cours sur la réinvention de la relation avec les 17 écoles de musique de la ville vers la co-construction de projets pour plus d’inclusion sociale : intervention de Brigitte Gadouleau et Mohamed Achab de la Mission développement des publics pour lancer la réflexion ; exploration sur le terrain avec un échantillon de parties prenantes coté écoles et coté administration ; construction de maquettes en moins de temps qu’il ne faut pour le dire ; et finalement rendez-vous à la Direction de la culture pour une séance de présentation et de co-construction à partir de maquettes. Une trentaine de personnes en tout qui commence le tour de table : d’un coté plusieurs Directrices d’écoles de musique, de la Boutique culture, des agents de la Direction de la culture curieux de ce qui pourrait bien sortir de cette expérimentation. D’autre coté les participants au module qui commencent le tour de table en se présentant comme stagiaire INET. « Non ! Ne vous présentez pas comme ça, dites vraiment qui vous êtes » : des responsables territoriaux de différence structures parfois très proche de la culture parfois très éloignées. Une quinzaine de pairs à différents niveaux de gouvernance et provenant de toute la France… Et c’est bien là que le jeu prend toute sa valeur : bien plus que des stagiaires qui bénéficient d’un terrain d’exercice c’est une revue de pairs « hors-pairs ». Au-delà du jeu de mots c’est bien toute la richesse de professionnels très qualifiés que l’on a pas l’habitude de pouvoir réunir autour de la même table. C’est une multitude de points de vue souvent très éloignés et donc encore plus à même de changer le regard.
En tout cas les résultats sont là : même si les maquettes sont encore branlantes, la discussion est riche, enrichissante pour les deux parties à la fois comme exercices d’application in vivo et comme une AMO idéale, multidisciplinaire et innovante…
La partie « in vitro » est aussi au mieux ancrée dans le réel : expo de cas et d’exemples de toute l’Europe à visiter tout au long des trois jours ; points focus d’approfondissement anticipant chaque étape de l’exercice d’application ; bibliothèque de références pour approfondir sur place et surtout deux sessions originales : une première session intitulée « apéro–consultation » où ceux qui le désirent viennent proposer leur problématique à la réflexion de leur pairs et une seconde session de « construction de mon plan d’action » pour mettre en œuvre tout ça à mon retour au bureau lundi matin.
Enfin le témoignage de François Charlier, DGA de la région Grand Est qui depuis 2009 a goûter avec appétit à tous les plats du menus de la 27e région : Résidences, Transfo, Labo en fonctionnement depuis 6 ans.
À la fin des trois jours quand on s’interroge sur comment améliorer la formule parmi les enthousiasmes des uns, les idées et les points d’attention des autres, ce qui émerge c’est surtout cette idée d’ancrage dans le réel, de formation appliquée à un cas, voire de formation appliquée à chacun des cas de chacun des participants. Une suggestion emblématique pour un prochain module ? Organiser un rendez-vous en ligne sous le forme de conférence téléphonique permettant à chacun de revenir sur ce qu’il va digérer, de retrouver l’enthousiasme du stage et de ses pairs, de bénéficier d’un supplément d’accompagnement et de conseil sur ses projets…
Entre « formation-action » et « action-formation » les frontières deviennent très flou : c’est l’occasion pour les établissements d’enseignement comme l’INET de réinventer, de tester, d’expérimenter des nouveaux modèles de partage des savoirs et des savoir-faire…
Et François Charlier de conclure pour finir de brouiller les cartes : « on a tous des emplois du temps surchargés. Moi j’ai accepté l’invitation d’intervenir comme témoin surtout pour voir comment vous réagissez à notre histoire et pour tester nos pratiques ! »
Between « off-ground » and « off-road »
(Version française ci-dessus)
On the one hand, explaining the design applied to public action in the usual modalities of room training is a challenge… and often a source of frustration, something like: « … I tell you about through a PowerPoint and in a classroom but you cannot realize what it is because in reality it is completely different… «
On the other hand, pedagogy through action can leave a little bit to its end: « …everything seemed very clear when we were doing on the spot but now that I have to remake at home I am a bit lost and I do not know where to start… «
Between the « off-ground » and the « off-road », the training module « Public service design: towards new participatory approaches » that we have just experienced with INET, the French National Institute for Territorial Studies in Strasbourg and 16 highly motivated territorial decision-makers was looking for how to make its way between these two pitfalls. All this in a little twenty hours spread over three days, which is also a challenge and a race for both the trainees and trainers!
For the « in vivo » part, the Culture department of the city of Strasbourg welcomes us by putting into play the work it is currently carrying out on the reinvention of the relationship with the 17 schools of music of the city towards the co-construction of projects for more social inclusion: intervention of Brigitte Gadouleau and Mohamed Achab of the Public Development Mission to initiate reflection; Field exploration with a sample of stakeholders both on the school side and administration side; Construction of mock-ups in less time than it takes to say; And finally a meeting with the Direction of culture for a presentation and co-construction session from mock-ups. About thirty people in all who start the round of introductions: on the one hand several Directors of schools of music, of Boutique Culture, civil servants of the Direction of culture curious of what might well come out of this experiment. On the other hand, the participants in the INET module who start the tour de table by introducing themselves as an INET trainee. « No, do not introduce yourself as trainee. Say who you are in reallity »: territorial decision-makers of difference structures sometimes very close to the culture sometimes very distant. Sixteen peers at different levels of governance and from all over France… And that’s where the game takes its full value. More than trainees who benefit from a practice field, it is a peer-review but a peer-review of unusual suspects. Beyond the play on words it is indeed all the wealth of highly qualified professionals that we are not used to gathering around the same table. It is a multitude of points of view often very distant from the culture matter and therefore even more able to change the look.
In any case the results are there: even if the mock-ups are still shaky, the discussion is rich, enriching for both parties both as exercises of application in vivo and as an ideal project management assistance, multidisciplinary and innovative…
The « in vitro » part is also at best anchored in reality: an exhibition of cases and examples from all over Europe to visit throughout the three days; Deepening focus points anticipating each step of the implementation exercise; Library of references to deepen on the spot and especially two original sessions: a first session called « consultation-appetitive » where those who want to propose their problems to the reflection of their peers and a second session called « building my plan of action » to implement all the lessons learned on my return to the office next Monday morning.
Finally, the testimony of François Charlier, General Deputy Director of the Grand Est region which since 2009 has tasted with appetite all the dishes of the menus of the 27th Region: Residences, Transfo, Lab in operation for 6 years.
At the end of the three days when one asks how to improve the formula among the enthusiasms of some, the ideas and points of attention of others, what emerges is above all this idea of anchoring in reality, of a training applied to a case, or even training applied to each of the cases of each of the participants. An emblematic suggestion for a future module? Organize an online meeting in the form of a conference call allowing everyone to go back on what s/he is going to digest, to regain the enthusiasm of the training session and of her/his peers, to benefit from a supplement of accompaniment and advice on its projects …
Between « action-training » and » training- action » the boundaries become very tight: this is an opportunity for educational institutions like INET to reinvent, test and experiment with new models of knowledge and know-how sharing…
And Francois Charlier concluding by blurring the cards: « we all have overloaded schedules. I have accepted the invitation to intervene as a witness especially to see how you react to our history and to test with you our practices! »